Afrique du Nord
2019, les chrétiens égyptiens célèbrent Noël dans la peur…
Dans d’autres pays où les différences de religion sont plus tolérées, les chrétiens décorent sereinement leurs sapins de Noël de guirlandes, vivent le réveillon comme une véritable renaissance et inaugurent la nouvelle année dans la joie et la bonne humeur. Mais ce n’est pas le cas des chrétiens coptes en Égypte qui célèbrent la Noël le lundi 7 janvier de chaque année dans la terreur. Chez eux, l’ambiance de Noël est effectivement différente : la nativité est célébrée dans la peur, avec l’ombre du terrorisme auquel les coptes ont été confrontés au cours des années précédentes et qui a menacé leur communauté et en particulier leurs églises.
Sommaire
Quand Noël est synonyme d’attentat et de terrorisme :
Le 5 janvier dernier, un policier égyptien a été tué lors du désamorçage d’une bombe placée près de l’église al-Azraa, une église copte en Égypte. Deux autres démineurs avaient été blessés par l’explosion de la bombe qui était placé dans un sac. Si ce triste évènement s’est produit à une aussi grande proximité du jour où les Coptes célèbrent Noël, ce n’est pas vraiment une coïncidence. Au cours des cinq dernières années, il y a eu 500 attaques sectaires contre les coptes, selon Samuel Tadros, chercheur principal à l’Institut Hudson, dont deux attentats à la bombe le dimanche des Rameaux en 2017, des tirs lors de pèlerinages dans des monastères et la décapitation de Coptes en Libye, pays voisin de l’Egypte, en 2015.
Nermien Riad, directeur exécutif du groupe à but non lucratif Coptic Orphans (qui aide financièrement et socialement les enfants ayant perdu le soutien familial en raison de leur religion), affirme d’ailleurs que les attentats à la bombe contre des églises aux alentours des festivités chrétiennes ne sont que la partie visible de l’iceberg.
En effet, les chrétiens du pays subissent une persécution quotidienne à tous les niveaux de la société égyptienne.
Une société qui plus est s’avère majoritairement musulmane.
Les coptes, victimes de persécution au quotidien :
Les coptes constituent la plus grande minorité ethno-religieuse en Égypte.
En effet, ils ne représentent que 8 à 10 % de la population égyptienne. Dans le pays, les coptes se rassemblent dans trois principales églises :
- l’Eglise copte orthodoxe,
- l’Eglise catholique copte,
- l’Eglise évangélique copte.
Dans la société égyptienne, ils font souvent l’objet de viles rumeurs de la par de leurs voisins musulmans. Ces derniers dénigrent les coptes et les traitent souvent comme des citoyens de seconde zone à qui on ne peut pas faire confiance. Même les plus hautes fonctions (patron d’entreprise, doyen d’université, etc.) leurs sont souvent refusés que ce soit dans le domaine privé ou publique. En fait, s’ils veulent se faire une place, on leur demande souvent de se convertir à l’Islam.
Malgré près de deux milles ans d’histoire, dans certaines écoles, l’histoire des coptes, et même leur existence, n’est pas enseigné aux enfants.
Et pourtant, les coptes risquent leur vie au quotidien, qu’ils aillent à l’église ou se présentent simplement en public.
Les femmes coptes sont particulièrement exposées au harcèlement et, dans un cas particulièrement tragique, une Égyptienne âgée de 72 ans a été déshabillée et traînée dans les rues d’une ville égyptienne par une foule musulmane en 2016 après de fausses rumeurs d’une affaire entre son fils et une femme musulmane…
Mais encore, l’année 2018 a été particulièrement meurtrière pour cette communauté :
- En janvier, un homme armé attaque une église chrétienne du Caire faisant au moins neufs morts;
- En février, des dizaines de familles coptes fuient le pays après avoir reçu des menaces de morts d’extrémistes musulmans;
- En avril, deux églises à Tanta et à Alexandrie, au nord de l’Egypte, sont également victime d’attentats faisant 45 morts;
- En mai, un bus transportant des pèlerins vers un monastère copte de Minya est attaqué. Au moins une quinzaine de fidèles, dont des enfants comptent parmi les victimes;
- La liste reste longue, mais vers la fin de l’année 2018, des centaines de terroristes pénètrent une église copte située à une centaine de kilomètres au sud du Caire pour blesser de nombreux coptes…
En bref, un lourd bilan annuel de près d’une centaine de morts est à déplorer pour cette communauté qui a même du mal à obtenir une autorisation administrative pour la construction de lieux de culte.
La demande d’une reconnaissance internationale
Face à la détérioration de la situation ces dernières années, plus précisément depuis que les coptes sont dans la ligne de mire de l’Etat Islamique en 2016, ces gens ont désespérément besoin d’une reconnaissance internationale de leurs souffrances afin de ne pas être oubliés. Après chaque attaque, ils tentent souvent de se faire entendre à travers des manifestations pacifiques mêlant hommages aux victimes qui sont considérés comme des martyrs et protestation contre la négligence de l’Etat pour la sécurisation de leurs églises.
Cela dit, l’Etat égyptien qui a à sa tête Abdel Fattah al-Sissi, un président soutenu par le pape copte Tawadros II, envisage de mettre en place une politique efficace visant à réduire la marginalisation de cette communauté. Il prévoit notamment d’augmenter la représentation copte au sein du gouvernement afin de rendre justice aux victimes des attentats et des violences du quotidien. En effet, il arrive souvent que les auteurs d’attaques violentes et de discrimination à l’égard des coptes ne sont jamais tenus pour responsables par la justice.
Malgré tout, en dépit de la pire vague de persécution en 700 ans, les coptes resteraient pieux dans leur foi, préparant leurs églises pour la messe et les jours fériés. Et pour ce Noël, les Egyptiens coptes demandent au monde leurs prières, afin qu’ils puissent, si Dieu le veut, célébrer cette fête en paix !
Leur prière entendue par le Pape
Le 6 janvier dernier, le Pape François s’est adressé particulièrement aux coptes égyptiens dans un message de soutien durant ces festivités chrétiennes. « Que le Prince de la paix donne à l’Égypte, au Moyen-Orient et au monde entier le don de la paix et de la prospérité… Très chers frères et sœurs, vous avez des martyrs qui donnent de la force à votre foi. Merci pour votre exemple », avait-il déclaré aux coptes orthodoxes dans son message.
Il en a aussi profité pour féliciter cette communauté quant à l’inauguration de la nouvelle cathédrale de la Nativité, au Caire. En effet, le dimanche 6 janvier 2019, à la veille de la Noël copte, le président égyptien ainsi que les fidèles chrétiens ont inauguré une cathédrale dans la nouvelle capitale administrative égyptienne, à 45 km à l’est du Caire. La cérémonie s’était déroulée sous haute sécurité compte tenue des récents évènements. Plusieurs véhicules blindés avaient été utilisées tous les 50 mètres à l’entrée de la nouvelle ville tandis que des portiques de sécurité doivent être traversés pour finalement accéder à l’édifice. Heureusement, aucun incident n’a été déploré et même la fête de Noël, le lendemain, s’est déroulée dans le calme, malgré la menace qui plane et la peur qui envahit le cœur de nombreux coptes.
En définitive, nous espérons que le gouvernement égyptien trouve une solution pour la protection des coptes, pour éduquer la tolérance vis-à-vis de cette communauté et pour éradiquer le terrorisme perpétré par les mouvements extrémistes ! D’autant plus que cela donne une mauvaise image sociale de ce pays africains qui pourtant attire de nombreux touristes pour sa culture unique, son histoire millénaire, ses fabuleux paysages et ses monuments incroyables, dont les fameuses pyramides et le Sphinx de Gizeh ou encore les temples d’Abou Simbel. Ces extrémistes n’hésitent effectivement pas à attaquer les forces de l’ordre égyptien, mais aussi les touristes toujours pour des raisons religieuses.
En conclusion, Noël en Egypte est souvent sous signe de la peur pour les fidèles coptes, en d’autre terme les chrétiens d’Egypte célèbre et considère le Noël copte entre violences et poussée islamiste, surtout après une année particulièrement sanglante .